La tête à ça

Recharger les batteries sensibles pour garder la caisse claire. Déjouer la paresse d’écrire quand la pensée politique s’impatiente et piétine de se laisser vivre au moment où la mort sévit aux quatre coins du monde.

Déjouer le sujet face à la pléthore de commentaires, dont il est difficile d’échapper, d’un quotidien génocidaire et barbare. Dire que ce qui caractérise la période c’est sa banalisation. Pourtant protéger un état second, un état sauvage d’un ressentiment d’impuissance. Faudrait pas se laisser amadouer par les im-médias normés.

Se sentir de plus en plus étranger en ce monde où se ranger; être rangé ça fait désordre… La paresse est descendue dans sa loge, dans sa geôle. Sortir du confort de s’exempter du temps qui passe.Se sentir définitive ment inconciliable avec le monde qui va. Affranchir à chaque pas la question du pas qui se pose. Avoir la tête à ça en somme ? Et reprendre cette fameuse chanson des Béruriers noirs, Salut à toi ! en Version féministe définitivement Féministe :

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Face à l’Hydre

Ce dont le peintre doit avant tout se défier c’est, selon l’expression de Claude Monet, « l’hydre-cliché, toujours prête à ressurgir sous le pinceau ». Clichés en effet que tous les automatismes, facilités et poncifs qui se présentent sous couvert de spontanéité ; traits ou formes non questionnés, qui nous paraissent « évidents » et voudraient rassurer l’œil à proportion du fait qu’ils furent déjà exploités – et épuisés – par d’autres et devenus lieux communs (vu récemment une exposition de Hans Hartung qui me l’a confirmé).

Ainsi de cette toile dont la gestualité, ces sortes de flammèches jaunes, sont pour moi comme des réflexes, mais rien de décidé. Ce qui vient sous le pinceau quand je le (me) laisse aller, glisser sur son erre, que je me laisse séduire à bon compte alors que c’est tout au plus une matière première à travailler, avec laquelle lutter – ce qui s’appelle composer. Je me suis donc laissé aller, j’ai abandonné cette exigence, j’ai dans un moment de lassitude, sans doute de guerre lasse, laissé entrer l’hydre, « composé avec » comme on le dit ici d’un compromis douteux. Jusqu’à, dans un sursaut, tenter de barrer la cascade des coups de pinceau par cette horizontale bleue et trouble où se devine un regard qui me fait face. Plus forte que moi car, oui, ça a été plus-fort-que-moi, l’hydre me fait face et me tient en respect. Mais ce n’est pas tout : faisant fi de ma problématique de peintre, cette figure s’est imposée à moi comme le reflet de ma (notre?) position au sein du monde-catastrophe avec lequel nous sommes tenus, à notre corps défendant, de « composer »…

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ISKRA ! la tant espérée

Il y a une bonne vingtaine d’années c’était déjà un réflexe de la part de nombreux militants, parents, éducateurs, que d’offrir largement tout autour de soi le petit livre de Franck Pavloff : Matin Brun. Un acte de salubrité, de prévention mais aussi d’alerte face à la fascisation rampante de la société française, au danger fasciste, jamais totalement éliminé et qui était réapparu fortement en France dès les années 80. Nous voici en 2024 et la diffusion de ce petit livre symbole d’instruction civique morale et politique ajoutée à tant d’autres initiatives politiques publiques et privées d’éducation culturelle et politique, n’ont pas eu l’impact espéré et n’ont pas pesé lourd face à la lepenisation des esprits.

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Faire

« Je n’ai pas voulu dire, mais voulu faire, et ce fut l’intention de faire qui a voulu ce que j’ai dit. »

Paul Valéry

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Les mots …mémo

Depuis quelque temps déjà, trop longtemps peut-être, je me tiens à l’écart des mots. Heureusement qu’il n’y a que moi pour s’en être rendu compte, à moins que l’absence de livraison en juillet n’ait étonné et mis en éveil des guetteuses et guetteurs de la poste restante Lisières ?

Longtemps je me suis tenu à l’écart, aurait pu dire l’autre de lui-même… À l’écart des mots quand même, vous parlez d’une épreuve ! Un soulagement ou une brimade ? Alerte ! Les mots m’écartent. Les mots seraient partis en contresens ? Les mots imposent le grand écart à mon écrirature. Les mots m’étirent la langue. Facile ! Enfin vous voyez ce que je veux dire, reste la formule passe partout.

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Maintenant !

Rester depuis des mois solidaire du conflit contre la réforme des retraites jusqu’à son retrait, être de tous les cortèges contre la misère, le chômage et les inégalités, être à la fois dedans et à leur côtés pour dire que l’on ne travaille pas pour vivre mais que l’on vit d’abord pour pouvoir effectivement travailler. Ainsi, j’émargeais funambule les yeux perlés de givre comme si j’avais été alité par la force tranquille de la résignation qui gagne les soit-disant honnêtes gens.

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Post scriptum / note de lecture : Honte aux artistes ?

« Le sentiment de honte ne pourrait-il pas constituer le point d’ancrage d’une réflexion sur la culture, sur la valeur de pratiques comme l’art, la danse, la musique ou la littérature ? Comment faire en sorte que nous n’ayons pas honte de ce que nous faisons et de la vie que nous menons lorsqu’on les confronte à la vérité de la société et à la dureté de ce qui s’y passe ? Face aux réalités insupportables qui nous environnent, aux systèmes de domination et d’exploitation qui organisent notre monde, n’est-il pas nécessaire que, lorsque nous nous rendons au vernissage d’une exposition, lorsque nous préparons une performance, lorsque nous écrivons un roman, lorsque nous composons, nous nous demandions : mais à quoi cela sert-il ? …En tant qu’artiste inscrit dans ce monde, qu’est-ce que je fais quand je fais de l’art ? Non pas : quest-ce que je crois faire ni qu’est-ce que je dis faire, mais réllement, concrètement ? Ce que je fais va-t-il m’inscrire dans le divertissement, la diversion,la complicité au monde ? (…) ʺQue signifie la littérature dans un monde qui a faim ?ʺ demande Jean-Paul Sartre dans un entretien célèbre où il ajoute qu’en ʺface d’un enfant qui meurt, La Nausée ne fait pas le poids ʺ. Voilà la question qui se pose : à quelles conditions une œuvre fait-elle le poids face à un enfant qui meurt ? (…) La politique est une expérience qui rend la culture insupportable et fait ressentir quasi physiquement le fait que les cérémonies culturelles supposent et construisent une manière d’être qui a quelque chose d’un peu indécent dans nos sociétés. »

Geoffroy de Lagasnerie, L’Art impossible

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2022 + 1 : Tourner la page !

Acte 1 Scène 1

D’abord effacement des épisodes précédents comme s’il fallait se laver de quelques souillures…

Et hop ! En avant vers de nouvelles théâtralités pour renouveler les formes, prendre la lumière dans de bonnes dispositions, soigner son meilleur profil. Et surtout faut y croire très fort. Déclarer l’ouverture de la chasse au refoulé, faire feu sur tout ce qui bat en retraite ! Pas très poélitique tout ça ! Alors qu’il s’agit seulement, qu’il s’agit surtout de parer son indifférence des meilleures apparences.

Enfin un vœu simple : arrêter de – se – poser des questions de bonne foi. Mettre tout ça au compost, je veux dire au podcast, je me confonds…

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DégagementS

Au pluriel. Je tente de savoir où j’en suis en matière d’ « engagement », et si un artiste doit l’être, engagé, comme on a l’impression qu’il le faudrait pour mériter l’attention. D’une part l’engagement est singulier, en général continu en dépit d’aspects changeants, c’est une ligne directrice, un idéal régulateur comme disait Kant. D’autre part il a toujours ses raisons, ce qui en fait un objet commode dans les discussions ; on peut en parler, le soupeser, il n’est même pas vraiment besoin d’en débattre tant on est d’avance convaincu de son bien fondé. Et la messe est dite. Je n’ai rien contre, évidemment. Bravos et félicitations à celles et ceux qui arrivent à mener de front engagement et production artistique de qualité. Mais en ce qui me concerne, engagé, je ne le suis pas au-delà de mes prises de position – assez distanciées au demeurant – de citoyen lambda. Et puis je suis toujours à la peine si on me demande d’expliquer ce que j’ai « voulu faire » ou, pire, « exprimer ». Alors quoi ?

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Entre deux eaux

Brèves notes de bulletin saisonnier / Bavardages transcendants..?

Serions-nous au sortir d’une période de sécheresse de l’esprit? Ou d’un trop plein d’espaces vacants saturés de vacuités pseudo intellectuelles à vite emplir d’évidences simplistes et d’euphémismes pour que ça coule et que ça s’écoule en comment se taire.

Trouver un sujet prétexte pour sortir de cet enlisement car il est temps de bifurquer, se dit-on désormais. Un sujet prétexte à ouvrir les vannes d’un torrent d’inspirations. Et pourtant n’était-il pas question de végét-action ? Rien moins qu’à sec d’un mot, d’une idée qui donne soif, qui fasse ricochet. Contempler les ondes d’une pensée et se les accaparer, au bord d’un pont miroir temps sur la page, se tenir à l’écart d’un certain confort devant le lit tari, peut être même s’avouer un contentement annonçant les prémices d’un effacement obsédant, la répétition d’une retraite paresseuse, d’une recherche besogneuse alors qu’un soulèvement s’impose.

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